Langage de la banlieue
Le livre Lexik des Cités (orthographié ainsi sur la couverture), vient de paraître aux éditions Fleuve Noir, maison d'édition parisienne.
Difficile de ne pas voir dans l'éloge du langage des cités faite par de nombreux intellectuels, linguistes, journalistes, soit une naïveté, soit une démagogie de leur part. Il suffit d'avoir eu l'expérience au moins une fois dans sa vie, de s'être retrouver avec des jeunes filles « des cités » qui répètent deux fois dans la même phrase « j'men bat les couilles ! » ou d'avoir passé une soirée en compagnie de gars « des cités » qui expriment par l'expression « fais pas le feuje** », le fait de « ne pas faire le radin » pour comprendre que ce vocabulaire sans nuances les met au ban de la République davantage que ne peut le faire l'éducation nationale lorsqu'elle crée les ZEP, quoi que puisse en dire Medhi Belaj Kacem. Il est surtout absurde que souvent les gens, qui par bonté d'âme, font l'apologie de ce langage, sont souvent ceux qui maîtrisent le mieux la langue française ainsi que les richesses et nuances qu'elle représente. Je pense que le meilleur moyen de leur tendre la main serait d'essayer de les faire accéder au même langage qu'ont acquit ces intellectuels à l'école et qui leur permet aujourd'hui de trouver du travail. Dans aucune entreprise, connaître le langage des cités n'a jamais fait bonne figure dans un CV. Brighelli explique d'ailleurs très bien dans l'un de ces livres qu'il n'a jamais vu les élèves des « quartiers en difficultés » plus attentifs que lorsqu'il leur faisait découvrir un texte de Montesquieu alors qu'ils avaient l'habitude que leur précédent professeur de français leur fassent lire des articles de Libération. C'est bien qu'il y a une demande de leur part, peut-être non avouée, d'accéder aux grandes oeuvres littéraires.
Il est poignant de voir dans le film l'Esquive comment le jeune couple est incapable d'avoir une relation amoureuse car ils n'arrivent pas à exprimer leurs sentiments avec davantages de nuances.
** juif
Charles